Un locataire sans assurance habitation risque une expulsion rapide en cas de sinistre, tandis qu’un propriétaire occupant peut s’en passer sans enfreindre la loi. Pourtant, dans une copropriété, l’assurance devient obligatoire même pour les propriétaires. Cette asymétrie crée des situations inattendues, souvent ignorées lors de la signature d’un bail ou d’un acte de vente.
Les garanties minimales imposées par la loi ne couvrent pas tous les risques du quotidien. L’absence de souscription expose à des réparations coûteuses et à des litiges complexes, dont l’issue dépend du statut de l’occupant et du type de logement concerné.
Assurance habitation en France : ce que dit la loi
En France, le cadre légal de l’assurance habitation obligatoire s’articule autour de règles précises. La loi du 6 juillet 1989 impose à chaque locataire de disposer d’un contrat d’assurance habitation pour couvrir les risques locatifs. Cette obligation, inscrite à l’article 7 de la même loi, vise à protéger autant le propriétaire que les voisins en cas de sinistre : incendie, dégât des eaux, explosion.
Depuis 2014, la loi ALUR a élargi le périmètre : tout copropriétaire, qu’il occupe ou non le logement, doit être assuré. L’article 9-1 du code de la copropriété rend la responsabilité civile obligatoire envers la collectivité et les tiers. À défaut, la copropriété peut demander des comptes à l’occupant, avec à la clé des conséquences financières et judiciaires.
Voici un aperçu des obligations selon le profil de l’occupant :
- Locataires : la loi exige une attestation d’assurance à remettre au bailleur lors de la remise des clés puis chaque année.
- Copropriétaires : ils doivent souscrire une assurance couvrant leur responsabilité civile vis-à-vis de la copropriété et des tiers.
- Propriétaires occupants d’un logement individuel : aucune obligation imposée, mais la prudence incite à choisir une assurance multirisques habitation.
Si un locataire ou un copropriétaire essuie plusieurs refus d’assureurs, le Bureau central de tarification permet d’imposer la couverture d’un risque, garantissant ainsi l’accès à l’assurance, même pour les profils jugés difficiles.
La loi ajuste donc ses exigences selon le statut de l’occupant. Locataire, copropriétaire ou propriétaire occupant d’une maison individuelle, chacun doit évaluer sa situation et mesurer les conséquences d’un défaut de couverture.
Locataires, propriétaires, colocataires : qui est concerné par l’obligation ?
Le locataire, qu’il vive seul ou en colocation, n’a pas le choix : la loi du 6 juillet 1989 impose la souscription d’une assurance habitation locataire couvrant les risques locatifs. Incendie, dégât des eaux, explosion : les dégâts dépassent toujours les pertes matérielles. L’attestation d’assurance doit être transmise au bailleur dès l’entrée dans les lieux, puis à chaque renouvellement. L’omettre, c’est risquer une rupture du bail.
Pour les colocations, l’exigence reste la même. Il est possible de choisir un contrat unique couvrant tous les occupants ou des contrats individuels. Cette assurance habitation colocataire protège tout le foyer, le propriétaire et les voisins. La répartition de la charge doit être anticipée, car en cas de sinistre, la solidarité entre colocataires n’efface pas la responsabilité individuelle de chacun face aux victimes.
Depuis la loi ALUR, le copropriétaire occupant doit au moins garantir sa responsabilité civile. Cette couverture protège la copropriété et les tiers contre les dommages causés par le propriétaire à l’immeuble. Pour le propriétaire occupant d’un logement individuel, aucune règle ne l’oblige à souscrire une assurance, mais le risque financier reste tangible. L’assurance propriétaire non occupant (PNO) vise surtout les bailleurs ou les propriétaires de logements vacants.
Quant au sous-locataire et à l’hébergé à titre gratuit, ils ne sont pas contraints par la loi, mais souscrire une responsabilité civile reste une sage précaution. Le bailleur, lui, peut demander une attestation d’assurance pendant toute la durée du bail.
Quels risques en cas de non-souscription à une assurance habitation ?
Ne pas assurer son logement, c’est courir de vrais risques. Pour un locataire, le propriétaire a un moyen de pression immédiat : il peut enclencher la résiliation du bail pour défaut d’assurance, suivant la loi du 6 juillet 1989. Si le locataire ne fournit pas l’attestation à l’entrée ou lors du renouvellement, le bailleur peut le mettre en demeure. Sans réponse, la procédure de résiliation démarre et l’éviction suit.
Le bailleur peut aussi souscrire une assurance au nom du locataire et en répercuter le coût sur la quittance mensuelle. Ce contrat est en général moins protecteur et plus cher, ce qui pèse sur le budget du locataire sans offrir la même sécurité.
En cas de sinistre, incendie, dégât des eaux, explosion, l’absence d’assurance expose directement le locataire ou le copropriétaire. Ils devront indemniser les victimes et rembourser tous les dommages sur leurs fonds propres. Aucune protection, aucun partage du risque, aucun filet de sécurité.
Pour les copropriétaires, le non-respect de la loi ALUR peut mener à une procédure judiciaire initiée par la copropriété. Les montants à régler si un incident survient sans assurance peuvent vite devenir écrasants.
Tour d’horizon des garanties incluses dans un contrat d’assurance habitation
Un contrat d’assurance habitation offre un éventail de garanties conçu pour protéger le patrimoine familial et couvrir la responsabilité civile. La pierre angulaire, c’est la garantie responsabilité civile : elle prend en charge les préjudices corporels, matériels ou immatériels causés à autrui, que ce soit à la maison ou dans la vie quotidienne. Impossible de faire l’impasse, car la loi l’exige pour tous les locataires et copropriétaires.
Le standard actuel, c’est la multirisque habitation (MRH). Elle protège le logement et son contenu contre l’incendie, le dégât des eaux, les catastrophes naturelles, le vol, le vandalisme ou les bris de glace. Chaque incident suit des modalités spécifiques fixées dans le contrat. À noter : certains biens comme les espèces, titres, objets professionnels ou véhicules sont souvent exclus et peuvent nécessiter une garantie spécifique ou un contrat séparé.
Les assureurs enrichissent l’offre par des options complémentaires, comme la protection juridique, utile en cas de litige avec un voisin ou un artisan, ou une assistance pour faire face à un sinistre majeur. Le montant de la prime d’assurance dépend des franchises, des plafonds d’indemnisation et de la valeur des biens couverts.
Le bon équilibre entre coût et niveau de protection dépend des besoins, du profil de l’occupant et du type de logement. La multirisque habitation, souple et adaptable, évolue pour répondre aux attentes croissantes du marché et des assurés.
Dans les faits, omettre l’assurance habitation, c’est jouer avec le feu, et la note peut s’avérer salée. Une simple négligence peut tout faire basculer, alors mieux vaut prévenir que devoir reconstruire sur des ruines.


