Ce qu’il faut savoir avant de s’installer à Rennes

230 000 habitants, un taux de mortalité qui frôle les sommets, des loyers capables de figer le sourire : Rennes ne s’offre jamais sous un jour unique. Ici, la ville séduit, désarçonne, instruit ou glace, parfois tout à la fois. Avant d’abandonner Paris ou Bordeaux pour la Vilaine, autant regarder sans deterrent les coulisses patinées de granit.

Population

À Rennes, la composition humaine a ses singularités. La majorité adulte avance en solo, tandis que les familles accompagnées d’enfants se font visibles par leur rareté. Résultat, beaucoup voient la cité comme un grand club de célibataires, où s’affichent ceux qui vivent sans attaches. Le quartier “Mille d’or” en résume l’esprit : restaurants élégants, bars vibrants, boutiques pointues, galeries à la mode, tout s’y conjugue pour attirer les noctambules et les amateurs de trouvailles inédites.

Côté emploi, les Rennais gravitent autour des domaines du divertissement, des services, du droit et de la santé. Près de 40% s’investissent dans les arts ou l’artisanat, et près de 30% dans la construction. Une part se tourne encore vers l’agriculture ou les services à la personne.

Derrière cette vie dense, une réalité s’impose : la population régresse depuis 2009. La ville compte autour de 230 000 habitants, avec une chute de 31% enregistrée sur le segment 2011-2015. Premier coupable cité : le coût de la vie, si élevé qu’il provoque l’exil d’un habitant sur trois. Les statistiques n’épargnent pas non plus la question de la santé : Rennes, deuxième ville la moins saine de France en 2015, culminait juste derrière Marseille. Les décès liés aux cancers et maladies cardiaques placent la ville à la 25e place nationale.

Les écoles et les universités

Pour les assoiffés d’études, Rennes déborde de pistes. Université de Rennes 1, établissement spécialisé en océanographie, campus axé sciences politiques ou école normale supérieure : l’offre académique dessine une mosaïque dense. Plus d’une centaine de lycées privés s’ajoutent à l’écosystème. Impossible de prétendre manquer d’options pour tracer sa route universitaire ou lycéenne.

Les étudiants de l’université de Rennes sont de plus en plus nombreux à être diplômés de l’université de Rennes 1

Décrocher un diplôme à Rennes : la barrière n’est pas infranchissable. Mais pour trouver ensuite un poste qui fasse honneur à ses études, l’équation se complique. Ici, la concurrence parmi jeunes diplômés est rude. Nombre d’employeurs misent sur les détenteurs de HND pour garder le rythme. Selon les données de l’Université de Bretagne Sud, 47% des interrogés déclarent occuper un emploi qui ne correspond pas à leur cursus, une réalité qui ne concerne que 14% des ingénieurs sondés.

Autre réalité qui revient en boucle : le portefeuille. 27% peinent à financer leur matériel scolaire, 21% jugent le loyer invivable. Il n’est pas rare d’apercevoir des étudiants jongler en vain entre soutien familial, petits boulots et allocations. Pour beaucoup, la galère débute bien avant le lancement de la carrière.

Santé

À Rennes, l’accès aux soins se paie cher, très cher. Les tarifs médicaux y dépassent presque de trois fois la moyenne du pays, limitant l‘accès à certains traitements pour ceux dont le revenu ne suit pas. Dénicher un médecin qui parle anglais devient une épreuve supplémentaire, les rares établissements en proposant se cantonnent souvent à la médecine générale. À retenir : seuls 12% des médecins locaux exercent en médecine familiale, les autres se dispersant dans diverses spécialités.

Criminalité

Rennes affiche des chiffres de sécurité en apparence classiques, mais un détail frappe : en 2014, avec 549 crimes déclarés pour 100 000 habitants, la ville dépasse allègrement la moyenne française, et surclasse Paris ou Marseille. La prudence s’impose particulièrement aux femmes seules, plus fréquemment ciblées par des agressions.

Les tendances récentes restent inquiétantes : agressions, vols à la tire, attaques au couteau et arrachages de vélos gagnent du terrain. Pour limiter les ennuis, mieux vaut circuler là où la lumière et la foule offrent un minimum de vigilance. Un objet laissé visible sur un vélo ou une banquette et la mésaventure n’est jamais loin.

Rennes oscille sans cesse entre impulsion créative, revers silencieux et embardées inattendues. Pour ceux qui songent à s’y établir, la question se pose ainsi : la ville s’apprivoise-t-elle, ou impose-t-elle son rythme sans prévenir ?